Aujourd’hui, la pépinière ouvre ses portes à Laurent Marsaud, qui endosse le rôle de Release Train Engineer (RTE) du SAFe. Notre rencontre, dans le monde fertile de l’agilité, fut une belle surprise ! Je suis ravie de l’accompagner et de le voir incarner à merveille le rôle du RTE : il cultive ses compétences agiles au quotidien, et sème des graines d’humour dès que l’occasion se présente. Il semblerait qu’il soit le maître incontesté des quiz, à en juger par les défis qu’il propose à chaque PI planning.
Bien que cette interview ait été reportée à maintes reprises, elle n’a jamais été enterrée. Heureusement, les étoiles de l’agilité se sont finalement alignées, et nous voici prêts à planter de nouvelles graines. Préparez-vous pour une plongée au cœur du jardin agile !
Qu’est-ce qui a semé en toi la graine de l’agilité ?
J’ai obtenu ma certification Scrum Master (PSM I) en 2010, à une époque où l’agilité commençait tout juste à germer en France. Au début, je trouvais cette approche intéressante, mais elle n’était pas encore enracinée chez mes clients. C’est lors d’un tout nouveau projet “from scratch” que j’ai vraiment plongé dans l’agilité.
En tant que Scrum Master de l’équipe, j’ai semé les premières graines des rituels, de la vélocité, des estimations relatives, et bien d’autres pratiques. J’ai rapidement compris que l’agilité avait le potentiel pour nourrir de nombreuses perspectives. Cependant, j’ai aussi pris conscience que les grandes entreprises rencontraient des obstacles pour faire éclore l’agilité. Souvent perçue comme une simple tendance, l’agilité manquait de racines profondes dans la compréhension de ses principes. Elle exige un changement structurel en profondeur, en commençant par la direction, car cela pouvait parfois aller à l’encontre de fonctionnements existants.
Aujourd’hui, je ne considère plus l’agilité comme une simple méthodologie, mais plutôt comme une boîte à outils qui permet de structurer les projets, d’intégrer les collaborateurs, d’identifier les problèmes grâce à des rituels efficaces, et encourager une amélioration continue. C’est un moyen d’adapter nos pratiques au contexte et de favoriser la réflexion collective.
Quel engrais utilises-tu pour faire pousser des graines d’agilité dans l’entreprise ?
Le phosphore (NPK). Oui, tu as bien entendu ! (rire) C’est un élément essentiel pour le développement radiculaire et la formation des fleurs. À vrai dire, je suis convaincu que l’engrais universel de l’agilité, ce sont les questions. Je leur voue une véritable passion, surtout celles qui débutent par “Pourquoi ?” ou “Pour quoi ?”. Il est crucial que chacun comprenne les objectifs derrière chaque action que nous entreprenons ;c’est comme apporter de la lumière dans une pièce sombre.
Et puis, il y a l’humour, cet ingrédient magique ! J’ai une préférence pour l’humour espiègle, celui qui titille les esprits tout en transmettant les messages de manière légère et efficace. C’est un peu comme saupoudrer une pincée de malice dans une discussion sérieuse.
Mais attention, pour que cet « engrais » fonctionne à merveille, il faut créer les bonnes conditions. Il est essentiel d’établir un environnement sécurisé où l’on peut construire une équipe solide, instaurer une relation de confiance, créer des habitudes et partager des moments agréables. Car, finalement, c’est dans la bonne humeur que l’agilité peut vraiment s’épanouir.
Si tu devais semer une graine d’agilité demain matin, par quoi commencerais-tu ?
Pour semer une graine d’agilité, je commencerais par faire une évaluation approfondie de la situation actuelle en prenant le temps de rencontrer chaque individu. Il est important de comprendre les fonctionnements en place. Ensuite, je proposerais une formation, si nécessaire, à destination de tous. Il s’agirait idéalement d’une formation sur mesure, adaptée au contexte, pour sensibiliser les personnes et cibler les problèmes spécifiques.
Cependant, la formation seule ne suffit pas, il faut mettre en place un suivi pour continuer à semer des questions et évaluer les progrès. Si je ne constate pas d’améliorations significatives, je creuserais encore plus profondément en observant individuellement les membres de l’équipe, travaillant main dans la main avec eux pour comprendre ce qu’ils font réellement. J’utiliserais ces observations pour sélectionner avec précision les pratiques agiles appropriées, en puisant dans notre boîte à outils. Cette démarche exige de l’adaptabilité, de la précision, ou tout simplement un bon sens aiguisé !
Et dernier point, il faut arriver à créer un climat de transparence et de confiance ; sans cela, c’est peine perdue.
Une question bonus : aujourd’hui tu es accompagné par un coach. Selon toi, quelle est la formule magique d’un coaching efficace ?
Il est essentiel de comprendre que le coach ne doit jamais effectuer le travail à ta place et je considère que ce fonctionnement est indispensable. Ensuite, dans un accompagnement efficace, la confiance et le ressenti occupent une place centrale. Dès le départ, il est primordial de définir clairement nos objectifs (et autant que faire ce peu, imaginer la trajectoire) et nos limites.
Chaque individu est unique, le coaching ne peut pas suivre un schéma préétabli. Le coach doit se concentrer sur les défis concrets rencontrés sur le terrain et laisser les coachés « se planter », car nous devons nous tromper. Une citation qui résume parfaitement cette idée me vient à l’esprit : “Si j’effaçais les erreurs de mon passé, j’effacerais la sagesse de mon présent.” Selon moi, le coach doit aider les coachés à récolter des enseignements de ces erreurs et pour cela il doit être dynamique, capable de semer des questions pertinentes, sa qualité principale résidant dans sa capacité à cultiver une remise en question constante.
Si l’agilité était une plante, quelles sont les 3 graines que tu planterais pour la faire pousser ?
Si l’agilité était une plante, elle aurait un petit air de tournesol, car tout comme cette fleur, elle sait suivre la lumière du changement.
En ce qui concerne les trois graines essentielles pour faire pousser l’agilité, je sélectionnerais :
Le bon sens
La transparence
La confiance
Et bien sûr, en bonus, l’adaptabilité
Quelle ressource sur l’agilité t’a le plus inspiré‑e ?
Je dois admettre que je n’ai pas de ressource particulière en tête, je ne suis pas un adepte du livre de chevet professionnel. Mais les conseils et le soutien dont j’ai bénéficié lors de notre accompagnement ont été essentiels pour mon évolution en tant que professionnel agile.