Raphaël CITEAU
Coach Agile
Bienvenue dans notre oasis verdoyante d’agilité, où chaque visiteur insuffle une nouvelle vie à notre jardin florissant. Aujourd’hui, c’est au tour de Raphaël Citeau, coach agile. Nos chemins se sont croisés chez un client. J’admire particulièrement sa capacité à prendre du recul, à poser les bonnes questions au moment opportun et à rester lucide. Dans notre domaine, ce sont des atouts incontournables.
Et quand le moral flanche, Raphaël sait toujours apporter un peu de réconfort avec ses gifs (surtout ceux avec des chatons, mes préférés 😊). Autour d’un café – son nectar préféré –, il sème avec nous quelques graines de sagesse, cultivées au fil d’un parcours riche et diversifié.
Qu’est-ce qui a semé en toi la graine de l’agilité ?
Ma voie vers l’agilité a commencé il y a 25 ans, au cœur du développement informatique, dès mes premières interactions avec un ordinateur. J’ai vite compris que mon épanouissement ne se limiterait pas aux lignes de code. Je me suis orienté vers le domaine des tests, où j’ai graduellement intégré les principes agiles.
Au fil de ma carrière, notamment lors d’une période de restructuration d’entreprise, j’ai eu une révélation sur les bienfaits de l’agilité. Cette démarche m’a fait prendre conscience que les racines culturelles et les postures individuelles prévalent souvent sur les aspects technologiques ou de spécification. Pendant 15 ans, j’ai eu l’opportunité de planter et d’arroser divers projets, d’explorer différentes technologies et de semer des modèles de squad, constatant ainsi la valeur des rituels agiles dans la gestion de la complexité. L’enjeu était énorme.
Grâce à une culture du feedback et à une symbiose étroite avec les clients, nous avons pu rapidement valider nos hypothèses et minimiser les risques sur des projets complexes. J’ai commencé à découvrir SAFe et à cultiver le rôle de Release Train Engineer (RTE).
Au fil de mes divers projets et accompagnements, j’ai évolué vers le coaching agile. En cultivant des discours inspirants, des problématiques différentes et des projets variés, j’ai réalisé l’importance cruciale de l’organisation du travail dans la floraison des projets agiles.
Aujourd’hui, je me concentre principalement sur la culture d’organisations du travail favorisant le bien-être des collaborateurs, en cultivant un terreau propice à l’épanouissement de chacun tout en restant performant. L’approche agile offre un terreau fertile pour dérisquer les projets complexes et livrer rapidement de la valeur, tout en favorisant une documentation vivante et adaptable.
Quel engrais utilises-tu pour faire pousser des graines d’agilité dans l’entreprise ?
J’essaye de tout dédramatiser (rire). Je mise avant tout sur l’humour pour désamorcer les tensions. Ensuite, je privilégie mon outil le plus précieux : l’écoute. Mon expérience est également un engrais précieux que j’utilise abondamment lors de mes accompagnements. Le partage d’expériences, d’exemples concrets et de réponses pertinentes apporte une réelle valeur aux personnes accompagnées.
Parfois, les gens n’ont pas envie d’entendre certaines réponses. Mais je suis persuadé que ces réponses peuvent aider à prendre du recul, à relativiser et à trouver des solutions. N’inventez pas… Partagez vos exemples, votre expérience, et choisissez le mentorat. L’agilité, c’est l’art de cultiver ensemble un écosystème où chacun peut s’épanouir.
Si tu devais semer une graine d’agilité demain matin, par quoi commencerais-tu ?
Je commencerais par écouter attentivement les gens, comprendre leur contexte et les encourager à exprimer ce qui est implicite. Une fois que j’aurais bien saisi les éléments, je pourrais commencer à travailler sur l’organisation. Mais je n’arrive pas avec une solution toute faite. Au contraire, j’encourage un questionnement profond fertilisant ainsi le terreau pour clarifier le contexte et préparer les gens au changement.
Il est crucial d’identifier les différentes problématiques en prenant en compte trois piliers : l’organisation, la méthode et les outils, mais dans le bon ordre. Au fil de ce travail, j’identifie les personnes qui seront des moteurs du changement, car sans eux, le changement ne serait pas possible. Malheureusement, ces personnes ne sont souvent pas celles qui prennent les décisions.
Une étape importante consiste à cultiver la relation avec le management. Semer des pratiques de gestion efficaces, favoriser la délégation et sensibiliser les responsables à la stratégie sont des éléments essentiels. Comment procéder ? Je leur montre ce qu’ils ne regardent pas, car ils sont souvent focalisés sur l’opérationnel. J’essaie de leur donner des indices pour partager la vision et surtout pour les aider à transmettre la stratégie.
Bonus : Ton dada est unFIX en ce moment 😊 est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Un sourire radieux illumine le visage de Raphaël, ses yeux commencent à pétiller à l’évocation d’unFIX.
Je suis profondément inspiré par la philosophie de Management 3.0 et la communauté créée par Jurgen Appelo (le créateur de Management 3.0 et UnFIX).
UnFIX a cultivé un terreau fertile en matière d’organisation et de stratégie. Une jeune pousse de startup, encore novice en agilité, peut désormais planter les graines de sa stratégie, de ses tactiques et de son budget grâce à unFIX.
Ce modèle démocratise les concepts, s’étendant bien au-delà de l’IT pour fertiliser des domaines très très variés. On ne se limite pas au développement de logiciels. UnFIX offre une flexibilité inédite, rendant accessibles et compréhensibles différents patterns. C’est une vraie boîte de Lego : tu pioches dedans et tu assembles des modèles organisationnels pour construire une maison.
Avec unFIX, des problèmes enracinés depuis longtemps peuvent être déracinés en quelques heures seulement. Avec cette bibliothèque de patterns, les équipes prennent conscience des tenants et des aboutissants, tout en bénéficiant d’un plan d’action clair.
Le support de cartes unFIX facilite la visualisation et la projection dans l’action. Le concept de gamification contribue à apaiser les conflits, à dissiper le stress et à rendre les choses plus simples et accessibles. C’est un peu comme la permaculture de l’agilité : une approche pour concevoir des systèmes autosuffisants et résilients.
Si l’agilité était une plante, quelles sont les 3 graines que tu planterais pour la faire pousser ?
Je choisirais sans hésiter :
l’audace, pour oser explorer des terrains inconnus
le fun, parce que la joie est l’engrais le plus puissant
l’humilité, pour se rappeler que même les plus grands chênes ont commencé par de modestes graines
Ces trois graines sont essentielles pour qu’une culture d’agilité s’épanouisse et porte ses fruits.
Quelle ressource sur l’agilité t’a le plus inspiré‑e ?
Au-delà des classiques de Management 3.0 (2010), Heart of Agile (2016) ou Team Topologies (2019), il y a deux auteurs qui m’ont beaucoup inspiré :
- Johanna Rothman, avec son approche « Lean Agile » fascinante. Elle travaille depuis des années dans ce domaine et a une très forte capacité à vulgariser (dans le bon sens du terme) les principes Lean par l’exemple. J’ai eu la chance de la voir à Paris et ce qui était saisissant, c’est que malgré la différence de génération, elle a un esprit très jeune qui fait pour moi parti de l’agilité. Voici une de ses conférences.
- Philippe Silberzahn au travers de son livre « Stratégie modèle mental » (2019) qui est le premier ouvrage à me faire sortir des domaines de l’informatique et qui montre très précisément tout ce qui ne faut pas faire dans une transformation d’organisation (et bien sûr que l’on fait tous).
- En bonus, je mettrais « la vie secrète des arbres » (2017) de Peter Wohlleben qui, suivant comme on le lit, n’est pas si loin de décrire ce qu’est une organisation agile. Et surtout, on sort du modèle fractal auquel je ne crois pas vraiment.